[30-10-11 - Salem, Massachusetts] It's The Fear {Mission}

Parfois, nous n'avions pas grand chose à faire. Et parfois, il y avait plusieurs chevaux de bataille. En ce moment, c'était plutôt la seconde solution. Il y avait eu quelque chose de bizarre au Musée Juif de Floride. Il y avait un engouement particulier autour des top-models français et anglais. Et il y avait des réactions étranges à Salem. De quoi donner du fil à retordre aux agents de l'entrepôt 13.

Si Alex prenait tout ça de façon positive, et enthousiaste, moi, je me montrais plus réservée. Je n'étais pas certaine que nous allions parvenir à juguler toutes les manifestations d'artefacts aussi facilement. Ni que nous arrivions à temps pour éviter des tragédies. Nous ne pouvions pas aller partout, c'était indéniable. Et comme il semblait qu'en France, en Angleterre et en Floride, les réactions étaient plus euphoriques que dangereuses (même s'il ne fallait jamais trop se fier aux premières phases d'action des artefacts, les suivantes pouvant malgré tout tourner au drame), nous avions décidé de nous rendre en premier lieu à Salem. Et d'y emmener la nouvelle, Emilia. Son don pourrait être utile, sans le moindre doute.

"La chasse aux sorcières est ouverte..."

Je ne croyais pas si bien dire : les rumeurs voulaient que des personnes jusque-là bien sous tous rapports s'en étaient pris à certaines personnes, sans raison apparente. Pour l'instant, ca n'avait été que jusqu'aux coups et blessures, mais rien n'indiquait que ça n'irait pas plus loin. De là à ce qu'un meurtre finisse par être perpétré, il n'y avait qu'un pas.

"Les premiers cas ont eu lieu en début de semaine. Et les agresseurs n'ont gardé aucun souvenir des agressions commises."

Le duo que je formais avec Emilia arrivait dans la grande ville de Salem, à l'hôpital où une jeune fille avait été admise la veille, après avoir été frappée au visage par un homme âgé armé de sa canne de marche.

"Elle ne se souvient de rien de particulier. Elle marchait simplement dans la rue, et le grand-père l'a attaqué, sans crier gare..."

A tous les coups, effectivement, il y avait un artefact là-dessous. Mais lequel, et où pouvait-il se trouver ? Ca, c'était plus délicat à déterminer. Nous étions ressorties de l'hôpital avec quelques informations sur le parcours de la jeune fille et du vieil homme, mais à part leur croisement en pleine rue, rien ne semblait les relier.

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Fin octobre. Dans les rues, les vitrines arborent citrouilles, toiles d'araignées et chapeaux de sorcières. Là, une chauve-souris mécanique volète sur la devanture d'une boutique de livres. Ici, c'est un chaudron empli de confiseries qui attend les plus jeunes... ou parfois les moins jeunes. Le stand de films d'horreurs du loueur de vidéo a été dévalisé en prévision de la soirée d'Halloween.

Mais parmi tous ceux qui jouent à se faire peur, il y a aussi ceux qui sont vraiment effrayés. Comme ce jeune homme, là-bas, qui court sans s'arrêter, jetant régulièrement des coups d'oeil furtifs derrière lui.

Dylan emmenait Sean pour sa première "mission" sur le terrain. Pas de sa faute, tous les autres agents de terrain étaient déjà pris. Max avait explicitement précisé qu'il ne ferait pas équipe avec "le môme", qu'au pire, on avait qu'à lui coller "la petite", et du coup, il était rentré, abandonnant clairement la mission à Salem. Alors la jeune femme n'avait pas trop eu le choix. Les ordres c'étaient les ordres... Et puis à bien y réfléchir, l'adulte qui accompagne un enfant dans les rues de la ville, ça passerait tellement inaperçu, demain, parmi tous les autres... Leurs costumes les attendaient à l'hôtel.

La gare routière s'emplissait des voyageurs qui venaient de descendre d'un bus terminus Salem. Et Morgan et Jillian se trouvaient parmi tous ces visages inconnus, chacune de leur côté. Pour la plus jeune, il s'agissait de retrouver la trace de son père disparu. Mais dans une grande ville comme Salem, par où commencer ? La problématique, bien qu'elle l'ignorât, était assez similaire pour Jillian. Trouverait-elle ici un indice qui pourrait la mener à son frère ?

Pour sa part, Emilia faisait équipe avec Elza et la suivait partout, histoire d'en apprendre un maximum sur ces événements bizarres qui se produisaient en ville, sur ce qui avait bien pu générer l'agression de cette pauvre jeune femme... En espérant que la liste des victimes n'allait pas drastiquement s'alourdir...

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Aux dernières nouvelles (septembre), mon père était parti vendre des produits à Salem, Massachussetts, en bon commercial qu'il était. Sauf qu'il n'en était jamais revenu. Et ça, c'était quelque chose de plutôt bizarre pour la curieuse que j'étais, pour ne pas dire plutôt inquiétant. C'était mon père, merde! J'avais, donc, décidé de me rendre sur place en profitant du break d'Halloween pour ne pas avoir à sécher de cours. Rebelle, oui, mais mes cours me passionnaient. Il était, donc, hors de question que j'en rate, même si je ne savais pas ce que l'avenir me réservait.

Ce fut, donc, en bus que je quittais le campus à Vermillion, Dakota du sud, le 29 octobre pour arriver à Salem, un jour et deux heures plus tard. Salem... La ville des sorcières. Une veille d'Halloween, ça faisait plutôt couleur locale, en prime... Un sourire fleurit sur mon visage alors que le bus passait le panneau "Bienvenue à Salem". Le fait était que j'avais tout à fait l'impression de partir à la chasse aux chimères. Le trajet en bus avait été long, fatiguant, du fait de la station assise prolongée, hormis pour les brèves - trop brèves - étapes pour les pauses repas et pipi. Mais au moins avait-il été tranquille, c'était déjà ça. Pourtant, j'étais percluse de courbatures à l'arrivée et je ne pus m'empêcher de m'étirer longuement avant d'aller récupérer mon sac de voyage et ma guitare - dans son étui - dans la soute à bagage. Ma guitare ne me quittait jamais. C'était un cadeau de mon père peu après mon enlèvement pour venir avec lui. C'était, un peu, un moyen de penser à lui, de ne pas oublier le pourquoi de ma présence ici.

Maintenant, il me fallait encore trouver par où commencer. Ca va pas être de la tarte... songeai-je, dépitée mais pas découragée par la tâche. Je sortis la photo la plus récente de on père et moi - Noël de l'année dernière - et me dirigeai vers l'hôpital. Peut-être y avait-il été admis? Peut-être s'était-il fait agresser, avait perdu la mémoire et n'avait pu être identifié? C'était un bien maigre espoir, mais un espoir quand même qu'il fallait creuser. "Avez-vous vu cet homme?" demandai-je à la première personne qui passait par là (Elza)

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Emilia suivait Elza sans rien dire, elle avait l'impression d'être si petite en comparaison avec la jeune femme. Ce n'était pas une question de taille mais surtout de charisme. Elle, si recroquevillée sur elle-même, ne disait mot, la petite n'était plus que l'ombre de la femme.

Elle calait ses pas sur l'agent sans broncher. Même la vision de la jeune fille à l'hôpital ne réussit pas à la rendre plus loquace. Pour toute réaction à la vue de la pauvre blessée, Mia se mordilla la lèvre inférieure et repoussa ses lunettes avec son index au fond de l'arête de son nez.

Mais, son silence n'était en aucun cas le signe qu'elle s'en fichait, bien au contraire. La petite intégrait les informations comme on avale un plat de pâtes, sans un mot.
Pourtant, c'était sa première enquête, son rêve se réalisait. Emilia aurait pu montrer un peu plus d'enthousiasme. Seulement, sa timidité maladive l'empêchait de montrer ses ressentis. Alors Elza n'avait pour seule compagnie d'infortune une statue de marbre mobile.

Et puis, soudain, alors qu'elles marchaient toutes deux, une fille, une inconnue, demanda à la femme si elle connaissait un homme, sur une photo.
La petite resta bien à côté de l'agent tout en regardant discrètement la photographie, sans piper mot. Puis ses yeux passèrent de l'image à Elza. Le connaissait-elle?

Emilia remonta ses lunettes de son index.

Cramponnant fermement son sac contenant ses affaires, en particulier son précieux ordinateur portable, Sean ne quittait pas Dylan d'une semelle. Il fallait dire qu'on lui avait fait la leçon avant de partir. Pas question pour lui de faire foirer la mission. Il n'avait qu'à se taire, observer et obéir aux autres.

Enfin, c'était la les propres paroles de Max avant que ce dernier ne les abandonne. Celui qui avait été baptisé "le môme" – de la jalousie pure et simple, sans aucun doute – par les agents de l'entrepôt 27 venait de se voir propulser sur une mission. Par défaut certes, mais il était sur une mission, peu de temps après son recrutement improbable à Miami.

Sur ce dernier point, Sean était toujours un peu circonspect. Il se demandait encore pourquoi il avait été recruté de cette façon. Ce n'était certes pas dû à ses qualités d'agent secret – après tout, il n'avait que treize ans – mais plutôt à la virtuosité qu'il avait dès qu'on lui mettait un ordinateur dans les mains.

Il fallait bien avouer qu'il avait, assez facilement d'ailleurs, craqué les codes d'accès du serveur de l'entrepôt 27, comme ça, pour s'amuser. Encore ça aurait été ceux de l'entrepôt 13, cela aurait pu se comprendre, tout le monde sait bien qu'à l'entrepôt 13, il n'existait pas de réelles compétences, tous les vrais experts faisant partie de l'entrepôt 27. Aussi, réussir à s'introduire dans le serveur de l'entrepôt 27 et n'y laisser aucune trace de son passage avait valu à Burny (son pseudo sur les forums de hackers auxquels l'adolescent participait) une admiration d'autant plus réelle qu'elle ne serait jamais exprimée officiellement.

Mais de là à l'envoyer sur le terrain, il y avait un monde, d'autant qu'il n'avait aucune formation dans ce domaine. Mais voilà, à l'entrepôt 27 aussi, les temps étaient durs – coupes budgétaire oblige – et il fallait bien faire avec ce que l'on avait. Et, pour l'occasion, Burny était le seul disponible. Du coup, "le môme" et "la petite" se retrouvaient ensembles, livrés à eux même pour venir enquêter sur des événements bizarres qui se produisaient en ville.

Des événements bizarres ? Comment pourrait-il en être autrement, la veille d'Halloween, à Salem, ville des sorcières ? Et les frissonnements qui secouaient parfois Sean n'étaient pas seulement dus à la température extérieure mais également à une certaine appréhension de l'avenir.

Le garçon n'était pas très à l'aise. Peur d'être un poids mort pour cette mission, peur de la faire lamentablement foirer mais également peur de l'inconnu offraient un cocktail assez explosif pour déstabiliser celui qui restait encore un enfant par de nombreux côtés.

S'efforçant d'afficher une sérénité qu'il était loin de ressentir, Sean restait à proximité immédiate de Dylan, la gênant parfois en se mettant dans ses jambes. S'adressant à son chef, il tentait de masquer les tremblements de sa voix encore juvénile.

"Euh m'dame, on cherche quoi exactement ?"

« -D’abord je ne suis pas petite, et puis tu pourrais faire preuve d’un peu plus de sympathie envers les autres vieux nounours malpolie. Hein Maxouille… »

« - De un arrête de m’appeler madame, c’est Dylan mon prénom… et puis pour répondre j’en sais absolument rien de ce qu’on cherche peut être une citrouille en plastique qui rends les gens dingues. Ou autre mais tout ce qu’on peut dire c’est que cette histoire va être longue… mais ton pc t’aurai pas pu le laisser dans ta chambre d’hôtel au lieu de le trainer avec toi ? »

« - On n’est pas très loin de la première victime, c’étant fait prendre pour une sorcière on lui pose des questions et on verra après si on ne peut pas louer une voiture. J’ai mal aux pieds et t’arrêtera de me faire pitié avec ton sac d’ordinateur. Comme ça t’apprendra à poser de bonne question… et d’arrêter de m’appeler Madame. »

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Il fallait s'y attendre... Cette histoire attirait du monde, visiblement. Jillian se faisait peut-être des idées, mais il y avait des gens bizarres qui étaient étrangement regroupés. Des agents ? Elle n'en reconnaissait aucun... Peut-être des gens de l'entrepôt 13, mais franchement, ce n'était pas son problème. Elle était là parce que sans doute comme certaines personnes, au courant de certains secrets, la jeune femme soupçonnait la présence d'un artefact.

Et peut-être que son frère serait sur le coup, et qu'elle pourrait enfin lui demander des explications sur l'absence de nouvelles. Jillian, elle, pensait en fait qu'il s'agissait d'un gros coup de pub. Vous savez ? Salem, les sorcières, les agressions, et paf, trou de mémoire. De quoi faire frissonner n'importe qui à Halloween. Mais ces fous furieux des entrepôts, ils voyaient des objets magiques partout.

"Ian était pareil." se souvint-elle dans une grimace.

Jillian ramena ses cheveux en arrière et porta la main à une chevalière qu'elle portait en pendentif. Elle regarda autour d'elle, soupira après avoir gonflé les joues. Bon, par où commencer, hein ? Pas par la victime ; elle n'était rien ni personne pour interroger la pauvre femme. Il n'y avait pas non plus un seul et unique endroit où les agressions avaient eu lieu. Bon, et ben comment faire dans ces cas là ?

Jillian trouva un bar noir de monde, et s'installa au comptoir. Elle lança un sourire charmeur au barman, et lui commanda un cocktail à la pêche. La paille entre les dents, elle se tourna un instant vers la salle. Son regard se promena un peu partout, jusqu'à revenir au patron. Nouveau sourire.

- C'est une drôle d'histoire qu'on entend courir sur Salem, en ce moment...

Pourquoi passer par quatre chemins ? Jillian but une gorgée de son verre.

- Alors, dites moi... C'est un canular pour Halloween, hein ? Ou il se passe un truc pas net ? Je suis curieuse...

Il y a des choses qui ne se passaient jamais comme on le souhaitait. Faire équipe avec Emilia n'était pas aussi évident que faire équipe avec Alex. Emilia me suivait partout, et elle ne faisait pas de vague, mais je devais bien avouer que j'avais plutôt l'impression d'être seule sur cette affaire. Et moi j'hésitai. Alex aurait pris le taureau par les cornes, aurait interrogé des gens au hasard à défaut d'avoir une piste tangible. Emilia gardait son mutisme, et me filait le train. Et si elle avait une de ses prémonitions, elle ne m'en fit pas part.

Je ne m'attendais certainement pas à ça. Cette fille, je l'avais déjà vue en photo. Et pour cause. Elle avait trôné un bon moment sur le bureau de Mickaël. Immobile un moment, je fixai le cliché. Je ne savais pas vraiment quoi dire à sa fille. Pour ma part, Mickaël avait disparu sans laisser de trace avec des artefacts en sa possession. Je ne savais pas qu'il avait aussi abandonné sa fille, qu'il semblait pourtant chérir de tout son coeur.

"Non je ne l'ai pas vu, malheureusement. Mais..."

Quoi lui dire ? J'hésitai encore, puis touchai la photo. Un flash. Mais qui ne m'apprit rien d'intéressant. Elle et lui, sans doute il y a quelques années. Un cadeau au nom de Morgan. Je fermai les yeux. Je n'avais pas choisi mon unique. Savannah était celle d'Alex. Et cette fille... n'était sans doute pas celle de Mickaël. Sinon elle aurait peut-être su pourquoi il avait disparu. Elle ne le chercherait pas comme ça, elle aurait contacté l'entrepôt. Mickaël ne parlait pas d'elle, sans doute qu'il ne lui avait pas parlé à elle non plus.

"Je crois qu'il faut que nous parlions... Morgan."

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Les choses n'allaient effectivement pas se passer comme tout le monde le souhaitait. Dylan et Sean avaient en quelque sorte croisé Elza et Emilia sans le savoir et à l'hôpital, on ne leur en apprit pas beaucoup plus qu'on en avait dit aux agentes de l'entrepôt 13. L'interrogation de la jeune fille ne donnait rien : elle avait été agressée sans aucune raison par un vieillard qu'elle ne connaissait pas. Le vieil homme, lui, ne se souvenait de rien. Mais lorsqu'ils ressortirent tous deux de l'hôpital, ils se trouvèrent, de même que le petit groupe formé d'Elza, Emilia et Morgan face à une scène peu engageante.

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Cette fois, ce ne fut pas une, mais deux personnes qui se trouvaient coursées par un homme baraqué. Le couple, parce qu'à première vue, il s'agissait d'un couple, courait à en perdre haleine, cherchant à échapper à son poursuivant taillé comme une armoire à glace, et appelait à l'aide. Pourtant, les gens ne semblaient pas prendre la menace au sérieux, ou alors étaient-ils indifférents... En tous les cas, le groupe approchait de la rue où se trouvaient les deux groupes d'agents. Manifestement, il allait falloir choisir entre discuter du cas de Morgan et laisser passer une piste, et se lancer à la poursuite des agresseurs et à la rescousse du couple. Pour Emilia, il était évident que ça allait mal finir - si tant est qu'on ait eu besoin d'une confirmation à ce sujet.

De son côté, Jillian s'adressa au patron du bar, un homme entre deux âges, qui avait l'air blasé... Manifestement, il en avait déjà vu d'autres, et à la question de la jeune femme, il haussa simplement les épaules, en continuant à essuyer des verres.

"Les torchons parlent de faits paranormaux, ou de paranoïa collective, ou de je sais pas trop quoi. C'est juste des gars qui ont pété une durite. Si vous voulez mon avis, ça va pas durer. Et quand il n'y aura plus d'autre cas à déplorer, les journaux s'attaqueront à autre chose..."

Ca n'était manifestement pas de l'avis de la jeune femme qui buvait une bière à côté de Jillian.

"Tu dis n'importe quoi Ted. Moi, je suis certaine qu'on va encore en entendre parler. La petite qui est l'hosto, le vieux qui se souvient de rien. C'est pas banal et..."

Dehors, des cris retentissaient. On appelait à l'aide.

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Dans quoi étais-je venue me fourrer ? Telle était la question que je n’allais pas tarder à me poser. Mais, pour l’heure, je n’en étais pas là. Pas encore, du moins… Pour l’heure, j’étais face à une femme blonde et une adolescente peu gâtée par la nature et à laquelle je n’avais, de prime abord, pas prêté attention. L’ado était-elle en famille avec la femme ? Si tel était le cas, je plaignais la blonde de se trimballer un boulet pareil. Quoique, en y regardant de plus près, peut-être que si on remplaçait ses culs de bouteille par des lentilles, elle pourrait être plus… Passable ? Bof.. Je n’étais pas là pour ça, de toute façon, et la voix de l’adulte me tira bien vite de mes observations. "Non je ne l'ai pas vu, malheureusement. Mais..." Malheureusement ? Pourquoi, malheureusement ? Elle ne l’avait pas vu, d’accord, j’avais compris. Pas besoin d’un ‘malheureusement’ qui ne rimait à rien. « Mais quoi ? » demandai-je en fronçant les sourcils alors qu’elle tendait la main pour toucher ma photo. A quoi ça lui servait ? Je récupérai d’un geste un peu brusque, peut-être, ma photo et commençai à me détourner pour aller demander à quelqu’un d’autre. Quelque chose me chiffonnait, pourtant, dans sa réaction. Comme si… Comme si elle le connaissait. Je me retournai vers elle, ouvrant la bouche pour parler, mais elle ne m’en laissa pas le temps. "Je crois qu'il faut que nous parlions... Morgan."

A nouveau, je fronçai les sourcils. J’allais finir ridée avant l’heure, si ça continuait. « Comment connaissez-vous mon nom ? » demandai-je d’un brutal. Si, un peu plus tôt j’avais été brusque concernant son hésitation, ce n’était cette fois plus de la brusquerie mais, presque, de la brutalité. Cette fois cependant, ce fut à son tour de ne pas avoir le temps de répondre, puisqu’un couple se fit pourchasser sous nos yeux par une armoire à glace sous les yeux impassibles de la foule. Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? me demandai-je.

Le jeune couple avait l’air franchement paniqué et je me saisis de mon sac de voyage pour le balancer dans les pieds de leur poursuivant afin de le faire trébucher. Si tant était qu’il ne puisse éviter mon projectile.

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Emilia regarda la nouvelle venue qui ne semblait pas l'avoir remarqué. Il faut dire que la petite avait l'habitude de faire parti du décor. Et puis, finalement Morgan, parce qu' apparemment elle se nommait ainsi, la détailla légèrement, ce qui eut pour effet de faire rougir la jeune fille qui baissa la tête, regardant ses chaussures, mais écoutant attentivement la conversation tout de même.
Elle se demandait elle aussi comment Elza pouvait connaître le prénom de la jeune fille devant elles. Jeune fille qui soit dit en passant avait été gâtée par la nature elle au moins. Ce qui renforça l'espèce de sentiment d'infériorité qui avait pris place au sein de Mia.

Le grabuge soudain balaya ce sentiment en un clin d'oeil, quand elle vit ce couple poursuivi par l'homme imposant. Aussitôt, son don se réveilla et elle sentit que pour le couple, ça n'était pas bon, pas bon du tout. Tout ceci allait très mal se finir. Ce ressentiment était arrivé comme un flash soudain, et aussitôt, Morgan réagit.

Elle avait un sacré réflexe et balança son sac aux pieds de l'agresseur. La petite tira sur la manche d'Elza, ayant encore du mal à s'exprimer devant une petite assemblée et dit juste :

-Ca va mal se finir.

Elle le savait, c'était une évidence, ce couple allait souffrir. La petite ne pouvait quand même pas rester comme ça sans rien faire, les bras ballottant le long de son corps.
Emilia courut aussitôt derrière le couple et les dirigea vers une ruelle, un endroit où le colosse ne pourrait pas les voir. Elle voulait les cacher et laisser le soin à Elza de régler son compte à l'agresseur.

Elle dit au couple de ne pas bouger, en bégayant au passage évidemment, de rester caché derrière ce gros conteneur-poubelle. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, n'étant pas douée pour la bagarre.

"Euh oui, mad… Euh Dylan., approuva Sean tout en serrant un peu plus le sac contenant son ordinateur portable.

Bien sûr qu'il n'avait pas spécifiquement besoin de cet outil – son ipad pouvait déjà largement suffire en cas d'urgence – mais l'adolescent préférait pianoter sur un vrai clavier et les possibilités en matière de connexion de l'ordinateur, surtout avec les améliorations apportées par l'entrepôt, étaient quand même supérieures à celle de la tablette.

Sortant de l'hôpital après une visite infructueuse aux victimes des agressions précédentes, le duo insolite tomba brusquement sur un spectacle un peu angoissant. Etait-ce l'expression de panique du couple, l'allure inquiétante de leur poursuivant ou l'indifférence de la foule, Sean n'aurait su dire ce qui le perturbait le plus.

Avant qu'il n'ait le temps d'agir, il vit deux jeunes femmes intervenir, une pour ralentir l'agresseur potentiel et l'autre pour courir derrière le couple et le guider à l'abri. Cet incident étrange était-il lié au mystérieux artéfact qu'ils étaient venus chercher ? Sean lança un regard interrogatif vers sa "chef", hésitant à répondre à son impulsion première qui le poussait en avant.

Prudent, il n'allait quand même pas se jeter dans la gueule du loup en s'approchant trop prêt du colosse mais il pressentait que ce dernier constituait la piste à ne pas manquer. Lentement, Sean fit quelques pas en avant, observant la suite des événements et prêt à suivre le poursuivant au cas où se dernier chercherait à se sauver.

"M'dame… Euh Dylan… Je crois que ce type peut nous en apprendre un peu plus… Je le suis s'il s'enfuit…"

« - Sean, ça serait avec plaisir mais ce n’est pas ton PC qui va t’aider à courir… laisse le moi et surtout perd pas ton portable. Je garde le visiophone, toujours utile… »

« -Surtout tu fais gaffe, je ne veux pas te retrouver écraser ou autre… donc pas de geste héroïque. Et ne parle jamais de ce que tu sais… Quant à moi je vais essayer de trouver comment ça à commencer… »

« -Bon et bien … espérons que tout va bien. »

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Jillian buvait tranquillement son cocktail, la paille au bout des lèvres. Elle écouta le patron parler, et finalement, il ne lui apprit rien. Bon sang, c'était fou, ça ! Avec le monde qu'il voit à longueur de journée, il ne peut pas écouter ce qui se dit ? La jeune femme eut une légère moue, avant que son attention ne soit reportée sur sa voisine, déjà à la bière.

Pas le temps de finir sa phrase qu'à l'extérieur, il y eut du grabuge. Hola, c'était pas une femme d'action, la Jilian, ou du moins, pas de ce genre d'action ! Comme tout le monde, elle se redressa sur son siège, et se tordit le cou pour voir ce qui se passait. Quand elle se rendit compte que c'était un nouveau coup de folie passagère, Jillian quitta la paille pour vider d'un trait son verre et le reposer bruyamment sur le comptoir.

- Appelez le 911 !", aboya-t-elle au patron.

Et elle se précipita à l'extérieur. Son regard se fixa sur l'homme devenu fou. Une grosse baraque, et même si elle était assez loin, elle sut que ce n'était pas son frère - et qu'il n'était surement pas l'homme dans le couple. Après tout, elle était là pour ça avant tout autre chose. Les artefacts lui importaient peu. Donc Jillian se contenta d'observer. Les réactions furent rapides, en tout cas. Quelqu'un se chargea du couple, quelqu'un d'autre du colosse. En fait, il n'y avait que le môme qui ne fit rien, restant là avec son ordinateur, et la fille qui l'accompagnait. Jillian les observa un instant, puis la vague direction d'où l'agresseur venait...

Justement, c'était trop vague ! Trop de possibilités ! En tout cas, certains s'étaient déjà occupés de l'agresseur, et du couple. Jillian traversa la rue, et se para de son sourire le plus avenant.

- Les secours devraient arriver d'ici peu de temps. Vous savez de quelle direction ils viennent ?

L'origine. Voilà ce qui était important pour Jillian.

Je ne savais pas encore que les choses allaient dégénérer. Mais ce fut bel et bien le cas. Morgan prenait le large, manifestement pas rassurée par la démonstration de mon pouvoir. Ah... Comment lui expliquer que je savais son nom parce que je l'avais vu ? C'était difficile à croire, évidemment. Il n'y avait bien qu'Alex qui n'avait pas eu peur de mon don. J'étais prête à tenter de la rattraper, pour lui expliquer, parce qu'elle avait besoin de savoir, quand un couple approcha au pas de course, poursuivit par un homme aux allures d'armoire à glace. Je n'eus pas le temps de réagir que la fille de mon ancien collègue dégainait, si je puis dire. Elle lança son sac dans les jambes de l'homme tandis qu'Emilia me confirmait que ça allait mal finir, et il s'étala au sol, laissant libre champ à ma coéquipière pour emmener le couple vers une ruelle. Je la laissais oeuvrer, et m'approchait de l'homme. Si les choses se renouvelaient, il ne se souviendrait de rien, comme le vieil l'homme qui avait agressé la fille.

"Je peux t'en apprendre plus sur ton père. Mais pour l'instant, nous avons plus urgent à régler."

Mon visage restait impassible. Je n'avais pas vraiment l'habitude de montrer mes émotions. Et j'avançai vers l'homme, espérant que Morgan me suivrait, vers qui je jetai un regard en arrière, pour m'en assurer.

"Pourquoi coursiez-vous ces deux jeunes gens ?"

"Laissez-moi deviner, vous ne vous en souvenez pas..." ajoutai-je en pensée. Inutile de l'effrayer, cependant. Et à peine eût-il répondu que j'ajoutai.

"De quoi vous souvenez-vous, exactement ?"

Sans doute, songeai-je, qu'il provenait du même endroit que le vieillard. Restait à savoir où...

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Les deux jeunes gens poursuivis par l'armoire à glace ne se firent pas prier pour suivre Emilia. Et quand elle leur intima de se dissimuler derrière un conteneur, ils n'hésitèrent pas une seconde. La peur se lisait encore sur leurs visages. Et la fille lança à la nouvelle agente un regard plein de gratitude. Les autres n'avaient pas bronché, c'était ça le plus décourageant. Heureusement que cette jeune fille avait été là.

"Merci" fit-elle simplement, recroquevillée derrière la poubelle.

Emilia avait peut-être l'opportunité, là, d'en apprendre davantage. A moins qu'elle ne préfère se rapprocher de sa coéquipière et de l'agresseur, là-bas, dans la rue principale.

De leur côté, Dylan et Sean assistaient d'un peu plus loin à la même scène. Si Sean semblait assez intéressé par l'idée d'interroger l'homme, sa coéquipière au contraire paraissait moyennement enthousiasmée par ce qui se déroulait. Elle laissa cependant l'adolescent s'approcher. Et dans son dos à elle, une autre jeune femme s'avançait.

Jillian, qui avait terminé son verre d'un trait pour sortir après avoir indiqué au patron d'appeler les secours (ce dont il s'acquitta en grommelant), s'était donc approchée de la chaperonne de l'adolescent, qui lui, s'éloignait. Malheureusement pour elle, en réalité, la jeune fille n'en savait pas plus qu'elle sur le point d'origine de l'agresseur. Il faudrait sans doute qu'elles se rapprochent de l'homme et de la femme qui l'interrogeait, agenouillée près de lui, pour entendre sa réponse.

"Je vous l'avais dit, que c'était pas banal. Et je suis sûre que c'est pas fini."

La fille à la bière avait suivi Jillian au dehors. Elle était manifestement très intéressée par cette histoire.

Après un temps d'hésitation, Sean tendit son sac à Dylan. Il était quand même un peu réticent à confier son ordinateur comme ça mais bon, il penser pouvoir faire confiance à son "chef" pour en prendre soin. Et, après tout, il possédait encore son ipad pour faire face à une situation imprévue… Avant de partir, il lâcha toutefois une recommandation un peu superflue.

"Euh, faites-y gaffe quand meme, j'y tiens…"

Puis, adoptant l'allure du badaud curieux, il se dirigea vers Elza, accroupie aux côtés de l'agresseur. Surpris par le ton employé par la jeune femme, intonations ressemblant fortement à celles d'un interrogatoire, le jeune garçon sortit discrètement son ipad de sa poche et, mine de rien, prit quelques photos de la scène, s'attachant à "immortaliser" le visage d'Elza ainsi que celui de Morgan qui avait contribué à arrêter l'homme.

Sean ne savait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi mais, intrigué par le comportement de l'agent de l'entrepôt 13, il se disait qu'il leur faudrait peut-être identifier la jeune femme pour plus tard.

Ensuite, confiant en son air innocent de jeune garçon, il s'avança un peu plus, se mêlant à la foule, et se plaça à portée de voix, histoire de ne pas perdre une miette de la conversation. Un peu inquiet d'être livré à lui-même, il lançait de fréquents regards en coin vers Dylan, guettant un signe d'approbation ou, au moins, cherchant à voir ce qu'elle comptait faire.

« - ouai t’en fais donc pas j’y fais attention… je ne vais pas l’envoyer valdinguait comme un sac de patate.

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"Je peux t'en apprendre plus sur ton père. Mais pour l'instant, nous avons plus urgent à régler." Je n'étais pas certaine d'être réellement en confiance par rapport aux propos de cette femme, mais il fallait reconnaître qu'elle n'avait pas complètement tort. Les choses ne tardant pas à dégénérer autour de nous. J'avais réagi rapidement en voyant le type courser le couple appelant à l'aide et, maintenant, il me fallait récupérer mon sac. La femme m'avait invité à la suivre et, même si je n'avais pas envie de lui obéïr, je le fis pour récupérer mon bien que je remis ensuite sur mon épaule alors qu'elle commençait un interogatoire.

"Pourquoi coursiez-vous ces deux jeunes gens ?" Dans quoi m'étais-je fourrée? S'agissait-il d'une fliquette? Auquel cas, je me retrouvais bien malgré moi témoin d'une course poursuite pour laquelle je devrais témoigner? Merde! J'avais pas que ça à faire! "De quoi vous souvenez-vous, exactement ?" Elle lui avait pourtant laissé le temps de répondre, juste avant, mais il ne l'avait pas fait, gardant le silence. Répondrait-il davantage maintenant? Je ne le pensais pas, pour être honnête...

Pas plus à l'aise que ça, je regardai autour de moi, pour me rendre compte qu'un gamin était entrain de prendre des photos. Voulait-il twitter ça? Je fus saisie d'une brusque envie d'attraper son i-pad pour le réduire en miettes, n'ayant guère envie d'entrer dans la postérité, mais, d'un autre côté, j'avais pas vraiment envie de me retrouver derrière des barreaux. Cela ne m'empêcha pas pour autant de m'adresser au garçon qui se rapprochait de plus en plus de nous. "Hey! L'mioche? Tu crois pas qu'tu s'rais mieux chez toi? T'as rien à fiche ici... Alors dégage de là vite fait." Etonnée de le voir jeter fréquemment des regards sur le côté, je suivis la direction prise par ses yeux, et fus surprise de reconnaître la fille de la fac. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel! songeai-je alors, un rien décontenancée.

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Emily était cachée derrière le conteneur en compagnie du couple. Evidemment, elle n'était pas très à l'aise en présence de personnes qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve, mais les circonstances et la frayeur soudaient souvent les liens.
La petite regarda sur le côté du conteneur pour s'assurer que la situation était presque au main de sa chef, enfin et du reste qui s'était attroupé autour de l'agresseur.

Elle se tourna alors vers le couple, remonta ses lunettes sur son nez de son index et bégaya tant bien que mal :

-P... Pourquoi e...est-ce qu'il v...vous poursuivait? Demanda Emily d'une voix mal assurée. La peur que la situation se retourne brusquement et le fait de sortir de sa bulle pour s'adresser à des gens n'aidaient pas à son élocution.

Attendant la réponse, la petite pencha sa tête doucement sur le côté pour vérifier que le colosse ne se relèverait pas, et que tout danger était écarté.
Apparemment, c'était le cas. D'ailleurs, la jeune fille aperçut des têtes qu'elle ne connaissait pas et qui semblait s'intéresser à l'agresseur.

Ce genre d'évènement était du genre à ameuter la foule, surtout qu'un gamin semblait prendre des photos avec son téléphone portable, un truc dernier cri qu'Emilia n'aurait sans doute jamais les moyens de se payer avec son seul argent de poche.
Elle trouva que ce genre de comportement, prendre des photos d'un homme à terre, était légèrement malsain, mais n'apporta pas plus grande attention, puisqu'elle attendait la réponse du couple, pour tenter d'éclairer l'affaire.

Le type avait fini par sortir des choux pour se redresser, manifestement sonné.

"Qu'est-ce que je fais ici ?"

Il regardait autour de lui, incrédule. Il n'avait semblait-il aucune idée de comment il était arrivé dans cette rue. Et à mes questions , il finit simplement par répondre :

"J'étais à la maison de retraite, c'est là que je bosse. Et après... Je ne sais pas. Je devrais encore y être, mais... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

J'écoutais attentivement les dires de l'homme, les sourcils légèrement froncés. Lui non plus, donc, ne se rappelait de rien. Mais il venait d'une maison de retraite et j'aurais mis ma main à couper que le vieil homme qui avait agressé la fille en venait aussi. L'artefact s'y trouvait très certainement, j'en étais persuadée. Je me relevai, et décidai de lui expliquer brièvement ce qu'il s'était passé. Il avait sans doute le droit de savoir.

"Nous ignorons tous exactement pourquoi, mais vous avez pris en chasse un malheureux couple. Quelque chose vous a poussé à le faire, et, chose assez étrange, vous n'avez plus aucun souvenir de cet épisode. Vous pourriez me donner l'adresse de cette maison de retraite ?"

Du coin de l'oeil, j'observai aussi Morgan. J'espérais ne pas la voir s'en aller, mais elle avait toutes les raisons de ne pas me faire confiance : après tout, elle ne me connaissait pas, et je doutais que la manifestation de mon don ne la rassure. Et mes sourcils se froncèrent davantage lorsque je l'entendis invectiver un adolescent. Nous étions censé agir discrètement. Et ça semblait légèrement compromis.

L'homme me donna finalement le nom et l'adresse de la maison de retraite, et me proposa même de nous y accompagner. Je lui demandai de m'attendre, et gagnai la rue où avaient disparus le couple et Emilia. Une fois les deux jeunes gens rassurés, je leur tendis une carte de visite, et Emilia et moi suivîmes l'armoire à glace jusqu'aux Rhododendrons. J'avais proposé à Morgan de venir avec nous, mais je ne pouvais pas l'y forcer.

Sur place, je demandais à Gary, puisque c'était ainsi qu'il se prénommait, de retracer tout ce dont il se souvenait de sa journée.

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Derrière le conteneur, le couple restait caché, peu désireux de se retrouver de nouveau cible de leur agresseur.

"J'en sais rien... On était venus voir ma grand-mère. On est sortis et j'ai voulu caresser un chat dans la rue. Et il nous a coursés. C'est un malade... Comment ça se passe, par là-bas ? On peut sortir, tu crois ?"

Peu après, Emilia fut rejointe par Elza, qui rassura le couple, leur tendit une carte de visite, et les laissa partir. Rapidement, elle indiqua à sa jeune collègue le peu qu'elle avait appris, et ensemble, elles prirent la direction de la maison de retraite, après que la blonde eut proposé à Morgan de les accompagner.
Sean s'était approché, après avoir confié son ordinateur à sa 'chef', et avait pris Elza puis Morgan en photo. Mais manifestement, il n'avait pas été assez discret : Morgan l'avait surpris. Et comme ses coups d'oeil en arrière n'étaient pas non plus passés inaperçus, la jeune femme avait reconnu une des filles de la fac, un peu plus loin. Qu'allait-elle faire maintenant ? La rejoindre ? Rester avec la blonde qui disait avoir des informations concernant son père et lui proposait de l'accompagner ?

La blonde, justement, avait fait parler l'homme, mais il n'était pas d'une grande aide. Sean, cependant, put relever le nom de la maison de retraite d'où il venait ainsi que son adresse. Et rejoindre sa chef pour les lui communiquer. Ils pourraient sans doute assez facilement se faire passer pour les petits-enfants d'un des pensionnaires. Restait à savoir ce qu'ils allaient faire de celle qui les avait surpris... Et ce qu'elle allait faire, elle-même.

Derrière Jillian, la fille du bar n'en perdait pas une miette...

***

Je considère que d'une manière ou d'une autre, vous vous dirigez tous vers les Rhododendrons. Jillian, Morgan, si ce n'est pas votre cas, je peux improviser, dites-le-moi simplement ^^"

Concentré sur sa prise de photos, Sean n'avait visiblement pas été assez discret dans son action. Vigoureusement interpelé par Morgan, il rangea rapidement son ipad dans sa poche, soucieux de se faire oublier après cette petite boulette.

Mais l'adolescent était encore bien novice dans son nouveau métier d'agent secret de terrain. Il manquait nettement de repère et de pratique comme en témoignait son constant besoin de se sentir rassuré et approuvé dans ses choix. Malheureusement, ces petits gestes instinctifs n'obtenaient pas les effets souhaités. Non seulement, Dylan se gardait bien de manifester quelque sentiment que ce soit, augmentant par là-même la fréquence des sollicitations d'approbation de la part du jeune garçon, mais leur manège semblait avoir été repéré.

Bon, tout n'était cependant pas perdu et Sean était relativement proche pour réussir à capter quelques brides de la conversation. Tout du moins, il possédait une piste pour poursuivre leur opération. Mais allait-il devoir se contenter de suivre celle qui paraissait avoir pris les choses en main ou ne valait-il mieux pas se lancer de son côté ? D'ailleurs qui était au juste cette femme ?

Un peu perturbé par ces pensées, le garçon se rapprocha de Dylan, tout en ressortant le téléphone portable. Rapidement, il pianota dessus, expédiant les photos prises vers l'ordinateur qui lui avait été alloué à l'Entrepôt 27 et lançant sur les visages d'Elza et de Morgan une recherche pour procéder à une identification.

Mais bon, mais que faire maintenant ? Pour Sean, aucun doute à avoir : la suite de l'aventure passait nécessairement par la maison de retraite. Parvenu à proximité de "sa chef", il lui parla, d'un ton qu'il espérait naturel, pour lui communiquer les dernières informations obtenues.

"Ma… Euh, Dylan.. On devait pas passer voir Grand-père ? C'est quoi déjà la maison où il est ? Les Pétunias ? Les Chrysanthèmes ? Euh, non… Les Rhododendrons, j'crois…Oui c'est ça. C'est pas là qu'on devait aller ?"

Puis affichant l'air blasé des adolescents, il fit semblant de se désintéresser de la chose en se concentrant sur son ipad. Burny semblait captivé par un jeu quelconque mais, en réalité, il lançait une recherche Internet sur les Rhododendrons, cherchant à voir s'il était possible, par ce biais, de s'infiltrer dans le réseau interne de l'établissement pour consulter le registre d'admissions et voir quels étaient les derniers pensionnaires.

Civil - Entrepôt Messages : 57 XP : 0

"J'vous avais dit que c’était pas banal".

Jillian avait presque failli répéter tout ça sur un ton nasillard, pour se fiche de la fille à la bière. Mais non, la commère pouvait avoir encore des informations intéressantes, alors, mieux valait la garder de son côté. Jill rongea donc son frein à son égard, et se contenta de hocher la tête, même si le coeur n'y était pas. Tout comme sa "nouvelle copine", la jeune femme observait, et n'en perdait pas une miette. Il y avait ce gosse bizarre, accroc à son pc. La blonde qui n'avait pas appréciée être prise en photo. L'autre blonde et sans doute sa coéquipière de l'entrepôt 13 qui partirent, laissant le couple avec une carte de visite.

- Regardez par où ils partent, je reviens !"

lança-t-elle à la fille du bar.

Jillian courut pour rejoindre le couple, leur sourit amicalement, presque charmeuse, pour leur demander où partait "sa cousine", montrant Emilia du doigt, alors qu'elle était déjà loin. C'était assez convaincant, ou le couple voulait juste se débarrasser d'elle ? Il lui donna l'adresse des Rhododendrons et s'en alla. Jillian alla retrouver sa copine à la bière, et lui demanda les indications pour gagner cette... maison de retraite ? Hôpital psychiatrique ? Jill ne savait même pas où elle allait mettre les pieds. Heureusement que copine-de-bière savait tout. Même le bus à prendre pour y aller.

La route se fit presque sans encombre. Quelques ralentissements, quelques passagers pénibles, mais voilà que Jillian y arrive enfin, à cette maison de retraite. Hum, comment allait-elle s'arranger pour y entrer, hein... La jeune femme fit le tour du bâtiment, et finalement, se décida à entrer par l'entrée principale. De là, elle improviserait... Elle entendrait bien les infirmières ou le personnel dire quelque chose qui l'intéresserait, tandis qu'elle... "Cherchait les toilettes", si on lui demandait ce qu'elle faisait là.

- "

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Emilia avait donc appris que l’homme qui coursait follement le couple avait été comme hypnotisé. En tout cas, on ne pouvait l’accuser d’être coupable de ses actes en toute conscience.
Il travaillait à la maison de retraite, c’est donc logiquement là-bas qu’elles allaient toutes se rendre, sa patronne, Elza, la drôle de fille, si elle le décidait, et elle-même, Emilia.

D’ailleurs, le couple que la petite avait « protégé » était venu voir leur grand-mère.
S’il y avait un endroit à enquêter, c’était bien là-bas.

La petite suivait sa patronne sans mot dire, réfléchissant à ce qui pourrait bien être la cause d’une telle folie, surement un artefact. Elle ne voyait pas d’autres solutions. Quelqu’un en possédait un ou il était quelque part, surement dans un endroit dont personne ne pourrait se douter. L’homme avait du toucher l’objet par inadvertance. Il ne se souvenait pas d’un objet étrange, sortant de l’ordinaire, ou alors il n’en avait rien dit.

Le cerveau d’Emilia était en pleine ébullition, il leur fallait trouver l’objet assez rapidement. Dans un élan de courage presque insoupçonné, la petite suggéra, entre deux bégaiements :

-J… Je prop… propose qu’on se s… sépare. C… C’est p.. pour aller… plus… euuuh…. Plus vite.

Elle tortillait une des mèches de sa chevelure crêpue.

Sujet: Re: [30-10-11 - Salem, Massachusetts] It's The Fear {Mission}

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